vendredi 30 janvier 2015

A coup sûr ce qui a été ...

« La Photographie ne dit pas (forcément) ce qui n’est plus, mais seulement et à coup sûr, ce qui a été. Cette subtilité est décisive. Devant une photo, la conscience ne prend pas nécessairement la voie nostalgique du souvenir, mais pour toute photo existant au monde, la voie de la certitude : l’essence de la Photographie est de ratifier ce qu’elle représente (…) Cette certitude, aucun écrit ne peut me la donner (…) le noème du langage est peut-être cette impuissance (…) le langage est, par nature, fictionnel ; pour essayer de rendre le langage infictionnel, il faut un énorme dispositif de mesures : on convoque la logique, ou, à défaut le serment ; mais la photographie, elle, est indifférente à tout relais : elle n’invente pas ; elle est l’authentification même ; les artifices, rares, qu’elle permet, ne sont pas probatoires ; ce sont, au contraire, des trucages : la photographie n’est laborieuse que lorsqu’elle triche (…) sa force est supérieure à tout ce que peut, a pu concevoir l’esprit humain pour nous assurer de la réalité – mais aussi cette réalité n’est qu’une contingence (« ainsi, sans plus ») (…) Toute Photographie est un certificat de présence. Ce certificat est le gène nouveau que son invention a introduit dans la famille des images. »  Roland Barthes, sémiologue et écrivain, La chambre claire
 
 
Photo de Roman Vishniac

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