lundi 6 juin 2016

Action ou vérité ?

"La plupart des gens ont le souhait de changer de vie, de métier, d'arrêter de fumer, de manger plus sainement. Un souhait, c'est comme un vœu, cela reste au niveau de l'imaginaire. Pour aboutir, il faut prendre une décision. Décider vraiment. Rigoureusement. Et passer immédiatement à l'action. La règle de toute décision c'est l'action."
Antoine Filissiadis



Premier Amour...

"C'est par sa disponibilité, ses caresses, sa capacité d'apaisement, son écoute, que la mère permet à l'enfant de se construire un monde interne sécurisant. (...) C'est dire combien il est important de disposer d'un entourage précoce pas trop défaillant, ni distant, ni étouffant, et surtout cohérent dans sa manière de prendre soin de l'enfant. S'il est nourri de regards, de mots doux, de câlins et des infinies nuances de la tendresse maternelle autant que de lait, l'enfant pourra grandir et s'autonomiser. C'est en prenant appui sur le vécu positif de cette période, qu'adulte, il trouvera le bonheur, riche de tout ce qu'il aura reçu de plaisir. Si l'enfant est marqué par des carences narcissiques graves, liées à la défaillance de l'environnement primitif, plus tard, lorsqu'il sera devenu adolescent, il pourra se sentir menacé par la résurgence d'un état de grande fragilité, susceptible de perturber les étapes de sa rencontre avec l'autre. Ainsi, ces tout premiers investissements constitueront la matrice des futures relations et, en particulier, des relations amoureuses. On dit que pour aimer l'autre, il faut s'aimer soi. Mais pour s'aimer soi, il faut avoir été aimé par l'autre. Bref. Par où commencer ? Par la mère ..."
Catherine Rioult, ADOS : scarifications et guérison par l'écriture, Odile Jacob 2013



Découvrez Design your life, une approche innovante pour faire de la thérapie et du coaching AUTREMENT ! Bye bye les thérapies austères et statiques et bienvenue au PLAISIR dans le Travail sur Soi. Chaque séance est tissée sur-mesure avec ce qui se produit dans l’ici et maintenant, en harmonie avec votre singularité, afin de susciter des prises de conscience et exploiter vos résistances. Parce que nous sommes avant tout des êtres sensibles, j’ai pour ambition de vous faire travailler avec élégance, plaisir et humour, afin d’ouvrir le champ des possibles et vous amener à faire évoluer votre vie professionnelle et/ou personnelle. Oserez-vous vivre l’expérience ?
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mercredi 11 mai 2016

Du chaos naissent les étoiles...

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J'ai compris qu'en toutes circonstances,
J'étais à la bonne place, au bon moment.
Et alors, j'ai pu me relaxer.
Aujourd'hui je sais que cela s'appelle…
L'Estime de soi.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J'ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle n'étaient rien d'autre qu'un signal lorsque je vais à l'encontre de mes convictions.
Aujourd'hui je sais que cela s'appelle…
L'Authenticité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J'ai cessé de vouloir une vie différente et j'ai commencé à voir que tout ce qui m'arrive contribue à ma croissance personnelle.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle…
La Maturité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J'ai commencé à percevoir l'abus dans le fait de forcer une situation ou une personne, dans le seul but d'obtenir ce que je veux, sachant très bien que ni la personne ni moi-même ne sommes prêts et que ce n'est pas le moment.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle…
Le Respect.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J'ai commencé à me libérer de tout ce qui n'était pas salutaire, personnes, situations, tout ce qui baissait mon énergie.
Au début, ma raison appelait cela de l'égoïsme.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle…
L'Amour propre.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J'ai cessé d'avoir peur du temps libre
Et j'ai arrêté de faire de grands plans, j'ai abandonné les méga-projets du futur.
Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aime quand cela me plaît et à mon rythme.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle…
La Simplicité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J'ai cessé de chercher à avoir toujours raison,
Et je me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé.
Aujourd'hui, j'ai découvert…
L'Humilité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J'ai cessé de revivre le passé et de me préoccuper de l'avenir.
Aujourd'hui, je vis au présent, là où toute la vie se passe.
Aujourd'hui, je vis une seule journée à la fois et cela s'appelle…
La Plénitude.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J'ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir.
Mais si je la mets au service de mon cœur, elle devient une alliée très précieuse ! Tout ceci, c'est…
Le Savoir vivre.

Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter.
Du chaos naissent les étoiles.


Kim McMillen - Récité par Charlie Chaplin pour ses 70ans

mardi 3 mai 2016

Des réponses symboliques...

"Je crois que la peinture est un moyen de connaissance du monde, non de connaissance intellectuelle, spéculative, mais de connaissance sensible, poétique. Pour moi, dès mes premières études, une gravure des Prisons de Piranese m'a toujours plus appris sur la géométrie de l'univers que tous les traités de cosmographie, et la flamme d'une chandelle figeant les traits des personnages d'une Nativité de Georges de La Tour m'a plus appris sur la solitude de l'homme que la lecture de Pascal. 
Je crois que le peintre peut apporter des réponses aux questions de l'homme, mais des réponses muettes, symboliques. Et qu'il les apporte malgré lui. Il apporte des réponses à des questions qu'il ne s'est pas posées. " 

Busse, peintre et historien d'art
 



jeudi 24 mars 2016

L'inspiration ... comment ça marche ?

Voici le lien d’une émission radio sur France Inter 
Le sujet ?
Comment naît l’inspiration chez les auteurs qui écrivent des chansons…
Très intéressant pour tous ceux qui s'intéressent, de près ou de loin, aux étapes du processus créatif.
En prime, plein de jolies chansons à écouter (Bashung, Bécaud, Clarika, Montand)…
un pur régal pour les amoureux de la chanson Française.

mercredi 16 mars 2016

Voir est un art

Et s'il n'était question que de cela : VOIR.
Voir un arbre, un visage, une couleur.
Voir une pensée, un projet, une image, un geste. Voir comme parfois il arrive d'écouter, pour se rendre le monde plus lisible, un peu moins trouble, un peu moins étranger. Ecrire, penser, inventer, cela aussi signifie voir. Gouverner, travailler, échanger, cela aussi signifie voir et faire voir.
Voir est un art.
Nous gardons le plus souvent les yeux ouverts et ne voyons rien. Nous laissons croire aux autres et à nous-mêmes que nos vies, nos projets, nos espérances sont claires, mais en réalité, chacun tâtonne dans la nuit. Chaque jour nos regards glissent sur des images mortuaires et des informations que nous consommons. Dans ce magma de bruits, de fureur et de confusion, le regard se perd et le désir s'éteint.
Mais parfois le regard s'éclaire.
Pas tout seul. Pas par magie. Un regard entend et répond par un geste à l'arrivée de la vie. Derrière la boulimie d'images, la dispersion d'idées, de projets, d'énergies, demeure la place pour une autre écoute, un autre regard.
Un regard qui non seulement regarde mais écoute, un regard qui crée en même temps qu'il reçoit et qui nous fait sortir de la nuit.
Si les artistes peuvent être nos guides en la matière et nous aider à passer du bruit à la musique, de la grammaire à la poésie, n'appartient-il pas à chacun d'aiguiser son propre regard ?
C'est à chacun qu'il appartient de dissiper le brouillard qui commence à s'infiltrer à l'intérieur de lui. Voir est un art, pas un privilège. Autant dire un acte d'attention qui relève de tout être humain. C'est sur le monde extérieur que j'ouvre les yeux, mais c'est ma vision intérieure qui permet au visible de se manifester à eux.
Voir n'est pas comprendre mais se laisser toucher. Entre ce monde sensible et le regard, rien ne devra s'interposer. Rien ne devra empêcher l'émotion première, celle que le plus souvent on s'interdit d'écouter.
Ne pas renoncer aux forces obscures qui parfois nous mènent et nous malmènent, ne pas laisser triompher la raison. Se méfier des concepts et des analyses, le regard se teste et se risque dans l'action.
Encore faut-il en avoir le désir.
D'après Christine Cayol - Voir est un art - Dix tableaux pour s'inspirer et innover

mardi 2 février 2016

Pour ne pas s'égarer ...

"Laissez vous entraîner en silence par l'appel mystérieux de ce que vous aimez profondément...vous ne vous égarerez jamais". Rumi, poète perse

jeudi 21 janvier 2016

Mettre ses forces en marche

"Voyez-vous dans la vie, il n'y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer, et les solutions les suivent." Antoine de Saint Exupéry

Des alchimistes ?

Le terme "Alchimie" désigne au départ un procédé de transmutation des métaux vils tel que le plomb, en métaux nobles comme l'argent ou l'or. La psychanalyse parle quant à elle d'une alchimie qui aurait pour fonction "l'individuation", c'est à dire le perfectionnement de l'individu dans sa dimension profonde. Difficile de parler d'alchimie sans faire référence au célèbre conte philosophique de Paulo Coehlo...Cette légende personnelle est le projet dont nous sommes tous porteurs et dont l'accomplissement dépend de notre capacité à retrouver nos envies profondes : "Si vous écoutez votre cœur, vous savez précisément ce que vous avez à faire sur terre. Enfant, nous avons tous su. Mais parce que nous avons peur d'être désappointé, peur de ne pas réussir à réaliser notre rêve, nous n'écoutons plus notre cœur. Ce n'est pas grave car, à plusieurs reprises, la vie nous donne la possibilité de recoller cette trajectoire idéale". Les métiers de coach et de praticiens en thérapie brève visent à accompagner dans cette re-connexion aux envies profondes pour ré-ouvrir les champs des possibles. Parfois, nous sommes alors les témoins de splendides transmutations, d'Hommes perdus en Hommes éclairés...


jeudi 3 décembre 2015

La différence, c'est ce silence

"La sagesse, c'est l'art d'accepter quelque chose qui ne peut pas changer, de changer quelque chose qui peut changer, et surtout, de faire la différence entre les deux."
La méthode de Shopenhauer - Irvin Yalom
Photographie : Alain Laboile

mercredi 14 octobre 2015

L'Art de la mémoire...

"Le sentiment manipule les souvenirs. Nous naissons ignorants dans l'art de les faire apparaître ou disparaître. Nous ne savons pas ce qui produit le retour inopiné de tel ou tel épisode de notre vie dans notre mémoire, nous ignorons le chemin que se fraye le souvenir dans son apparition, et nous ignorons aussi, par conséquent, le moyen de le chasser s'il est là et qu'il nous importune. Un art de la mémoire moderne ne serait pas l'art de se souvenir des diverses parties d'un discours, comme c'était le cas dans l'Antiquité, ni non plus l'art de commémorer des choses anciennes, ni davantage quelque chose qui fait un éloge de l'oubli, mais une astucieuse manière d'user du souvenir pour le faire agir sur le présent. C'est certainement là ce qu'il y a de plus décisif dans la psychanalyse car, en un sens, elle est effectivement un art de la mémoire. (...) C'est un art, en tous cas, que de susciter les justes souvenirs. Car ce ne sont pas à des évènements morts que la pensée s'attache en s'attristant ou se réjouissant, mais au contraire à des évènements vivants et palpitants en elle. La mémoire gouverne ainsi notre comportement et tu peux dire que ta vie aurait pu être toute différente si, en telle occasion, tu avais pu manipuler ta mémoire de telle sorte que, éveillant d'autres souvenirs, elle te conduise à d'autres actions. Si par exemple, dans une situation décisive, un certain remords s'insinue dans ta pensée, tu te trouves en face d'une occasion de saisir la signification du mot "remords" à travers son symbolisme grammatical. Le remordre est la réitération de la morsure, le "sentir encore une fois" la morsure. Le passé mordant le présent. La mémoire est une chienne qui tient dans sa gueule les images de ta vie passée. Elle te les ramène, contente d'elle même et en remuant la queue. Et cependant ses captures sont parfois inopportunes. Le remords est le nom que nous donnons à ce que nous ne supportons plus dans notre passé. Nous voudrions n'avoir jamais été que le meilleur de nous-mêmes, et il nous faut cependant supporter également d'avoir été le pire. En cela consiste l'art de la mémoire : se souvenir efficacement du meilleur et écarter le pire."
Pascal Nouvel - Conversation avec mon clone sur la passion amoureuse
Oh ! je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis.
En ce temps-là la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle.
Tu vois, je n'ai pas oublié...
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du nord les emporte
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois, je n'ai pas oublié
La chanson que tu me chantais.

{Refrain:}
C'est une chanson qui nous ressemble.
Toi, tu m'aimais et je t'aimais
Et nous vivions tous deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Mais mon amour silencieux et fidèle
Sourit toujours et remercie la vie.
Je t'aimais tant, tu étais si jolie.
Comment veux-tu que je t'oublie ?
En ce temps-là, la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Tu étais ma plus douce amie
Mais je n'ai que faire des regrets
Et la chanson que tu chantais,
Toujours, toujours je l'entendrai !

{Refrain}
Chanson les feuilles mortes - Yves Montand

mardi 19 mai 2015

Les blessures sont aussi des ouvertures

"C'est en soi qu'il faut chercher. D'où l'importance du vertige, de la blessure, de la maladie, de l'hiver, du brouillard. Tout ce par quoi nous éprouvons notre solitude et notre fragilité. Car il s'agit d'innover et de rendre lisible de nouvelles images, où et comment les trouver ? Inutile de faire comme la plupart des artistes et de suivre le dogme du voyage en Italie pour consolider son apprentissage, inutile de s'inspirer des maîtres du passé, de se soumettre à la copie. Inutile de s'agiter, de se presser, de s'opposer frontalement aux académies. Le plus essentiel se situe dans une effrayante proximité, c'est en soi qu'il faut chercher. En 1787, lors d'une séance de patinage, la surface de la glace se rompit sous les pieds du jeune Caspar. C'est son frère cadet qui le sauva mais disparut à son tour, noyé sous la glace. Difficile d'imaginer le poids d'un tel désastre. Difficile aussi de ne pas relier, même par un fil ténu, le vertige d'une telle rupture, d'une telle culpabilité et l'appel en soi de la tragédie du paysage. S'il s'agit de faire "monter au jour ce que tu as vu dans ta nuit, afin que son action s'exerce en retour sur d'autres êtres, de l'extérieur vers l'intérieur", alors il est impossible de ne pas accepter cette montée en soi de la nuit, ce maintien à vif de la blessure. Dans Le Ravin (1821) comme dans La Caverne (1813), la surface se fracture et ouvre sur l'énigme d'un trou noir, réserve obscure qui attire et effraye. Les blessures sont aussi des ouvertures, c'est en elles qu'il faut puiser."
 
Voir est un art - Christine Cayol  - A fondé le cabinet Synthesis, qui accompagne les équipes dirigeantes dans leur développement stratégique et humain en utilisant le détour par l'art.
 
Caspar David Friedrich - La mer de glace ou Le Naufrage

vendredi 17 avril 2015

Ces pensées qui forment une vie






"Prends soin de tes pensées, elles deviendront tes actions. Prends soin de tes actions, elles deviendront tes habitudes. Prends soin de tes habitudes, elles deviendront ton caractère. Prends soin de ton caractère, il deviendra ton destin. Prends soin de ton destin, il deviendra ta vie".
Dalaï Lama

 

mardi 24 mars 2015

Retournons dans la forêt ...

"Quand nous sortirons de la bouteille de notre ego,
que nous nous échapperons de notre cage, comme des écureuils,
pour retourner dans la forêt,
nous tremblerons de froid et de peur
mais il nous arrivera des choses
telles que nous ne nous reconnaîtrons plus.
Une vie fraîche, candide surgira,
et la passion tendra nos corps par sa puissance.
Avec nos pieds nous martèlerons le sol avec une force nouvelle
et les choses anciennes tomberont,
nous rirons,
les institutions se recroquevilleront comme du papier dans la cheminée."
 
D. H. Lawrence - écrivain poète anglais
 
 

jeudi 5 mars 2015

Le mystère Séraphine

Je suis fascinée par la vie de Séraphine. Ses peintures me touchent profondément. Et l'histoire de sa vie m'ébranle à chaque fois qu'elle m'est racontée. D'où peint Séraphine ? De quel monde invisible vient-elle ?
 
Orpheline de père et de mère à sept ans, elle grandit comme grandissent les petites filles de la campagne, le regard vers le ciel, vers les arbres, vers la lumière, comme pour oublier le quotidien d'une dure vie de labeur. Quelle douleur d'enfance que de n'avoir pu connaître la douceur d'un foyer, de n'avoir pu se confier qu'à l'écoute docile des bêtes, d'avoir dû tant de fois ranger sa peine au plus loin d'elle même, de s'être toujours sentie à côté des autres, sans que personne ne se soucie d'elle et ne lui donne un peu d'affection. De son enfance, Séraphine ne veut retenir que l'odeur des fleurs dans les champs, la musique des feuilles des arbres dans le vent...Personne ne remarque encore sa faculté de s'abstraire du monde, de s'éloigner de tous, de vivre ailleurs.
Elle travaillera comme bergère puis comme femme de ménage dans des familles bourgeoises puis passera vingt années au couvent. Une façon pour elle de s'enfermer dans un monde à part. La régularité des horaires, le silence, les prières, l'odeur de cire endorment sa violence intérieure.
 
Puis un jour, un désir violent d'être libre, de rejoindre sa propre vie. De docile elle devient révoltée. Sa gorge sèche réclame d'autres soifs. Séraphine quitte le couvent et se faufile dans les rues étroites de Senlis. Elle a cette certitude tenace, brutale que quelque chose va advenir. Elle attend que ses voix intérieures se fassent entendre et l'informe du vœu de la Vierge Marie ...car elle croit à ces correspondances privées que le Ciel accorde à ceux qu'il a choisis et elle en sera ...Depuis l'enfance, la solitude l'a contrainte à écouter ses voix intérieures qui lui parlaient dans sa détresse d'enfant oubliée et abandonnée à elle même.
 
L'appel survient enfin : Séraphine doit peindre à la gloire de Dieu.
Elle ne connaît rien à la peinture, au milieu des artistes, elle n'est jamais allée dans un musée. Mais qu'importe puisque c'est l'ange qui va guider sa main...Séraphine va peindre sans technique, sans apprentissage théorique. Seulement avec sa force intérieure, avec des énergies projetées en dehors d'elle et qu'elle rassemble sur la toile. Spontanément se sont des fleurs qu'elle commence à peindre. Puis ce sera des bouquets, des arbres, des feuilles de vigne emplumées et serties de pierres précieuses, des forêts luxuriantes...
Séraphine veut peindre la vibration des choses, le bruit qu'elles font dans leur silence. Elle devra donc attacher à ses fleurs le silence qui les entoure, ce silence qui vibre et bruit. Attacher du son et des souffles à ses fleurs, vaste programme.
 
Comment le chaos qui mènera Séraphine à l'asile a-t-il participé à la beauté, à l'harmonie, à la force de ses tableaux ? La peinture a-t-elle été un thérapeutique pour Séraphine ? A-t-elle retardé un délire grave existant à l'état latent ou, au contraire, l'a-t-elle précipitée dans la psychose ?
Quand Séraphine produit sans relâche, sa vie psychique se maintient. Du jour où elle gagnera de l'argent et où elle sait qu'elle a du succès, les choses vont basculer. Car Séraphine a toujours imaginé qu'elle serait le plus grand peintre, puisque portée par Dieu. La rencontre avec la consécration lui est insupportable car à partir de là, la réalité s'est heurtée au délire, au délire qui soignait ! Un délire qui se construit est réparateur, le malade s'autoguérit, dans une certaine mesure, par le délire. Le jeu des couleurs qu'elle met en place est la volonté de rassembler les morceaux de sa personne, elle rassemble les éléments de son malheur dans l'instant où elle peint. Lorsque la production artistique se tait, elle est envahie par la folie.
La psychanalyse ne s'applique par à l'art. Freud a conceptualisé sa théorie à partir des symptômes, du rêve, des lapsus, des mots d'esprit, des oublis. Les productions artistiques sont différentes et ne peuvent pas être interprétées de la même façon.
 
Séraphine sera finalement internée. Entrer à l'asile, c'est se heurter à l'oubli, à l'attente, à l'absence, à l'ennui, à la solitude de ceux qui sont exclus de l'univers des autres. Elle refusera catégoriquement de peindre dans cet endroit où chacun vit sa souffrance recluse au fond de soi, comme un poing fermé. Livrée à elle-même, à son mutisme comme à ses délires suppliants, oubliée de tous dans la guerre et enterrée à la fosse commune, puisque personne, jamais, ne réclamera son corps.
 
Séraphine ne me trouble pas seulement par sa peinture. Mais aussi par son talent, son génie, sa solitude. Elle fait partie de ces artistes qui, comme Camille Claudel, sont allés jusqu'au bout d'eux mêmes, à l'extrême de leurs limites et qui ont accepté la plus grande violence contre eux. Elle sut transformer sa vie minuscule en un destin, grâce à la peinture.
 
Grand est le décalage entre sa vie de misère et le prix atteint par ses toiles aujourd'hui, fort est le contraste entre les fleurs chatoyantes et sa fin poignante.

Cette peintre qu'on croyait muette alors qu'elle n'a jamais cesser de crier ...
J'aurais aimé la serrer fort dans mes bras, en silence, infiniment.
 
Texte écrit à partir du livre d'Alain Vircondelet "Séraphine, de la peinture à la folie" et du livre de Françoise Cloarec "La vie rêvée de Séraphine de Senlis".
 

 
 



 

mardi 24 février 2015

L'Art ...pour quoi faire ?

Platon, en décrivant sa cité idéale, demande que les poètes en soient exclus, à cause de leur regrettable aptitude à susciter l’émotion plutôt qu’à fortifier la raison. Jean-Jacques Rousseau, théoricien du prérévolutionnaire Contrat social, approuve, dans sa Lettre à d’Alembert sur les spectacles, l’interdiction du théâtre à Genève et recommande la disparition de cet art corrupteur « qui excite les âmes perfides ». Il s’agit, dans les deux cas, de subordonner le rôle de l’art à son utilité, politique ou morale. Aujourd’hui, ces propos sembleraient sans doute brutalement réactionnaires : qui pourrait remettre en cause la pure autonomie de l’art, comment accepter que des critères autres qu’artistiques fondent la valeur de l’œuvre ? Juger l’art en fonction de son message, de ses vertus sociales, ce serait non seulement courir le risque de le priver de sa liberté essentielle, mais plus profondément le dénaturer : l’art n’a définitivement pas de comptes à rendre, sinon à lui-même.
Le débat paraît clos, il ne l’est évidemment pas : au-delà de la censure sporadiquement réclamée pour atteinte à des croyances, aux bonnes mœurs, etc., le questionnement sur le rôle de l’art demeure, dilué dans les demandes faites aux institutions « culturelles », censées justifier leurs subventions notamment, hier, par leur contribution à l’émancipation démocratique et, aujourd’hui, par leur action sur le « lien social », quoi qu’on entende par là. Position « élitiste » ou position « populiste » ? L’art pour l’art, ou l’art pour l’autre ? Ce seraient là les seuls choix possibles. Il n’est pourtant pas certain que cette évidence binaire ne relève pas de la construction historique, de l’affrontement idéologique, plutôt que d’une logique incontestable.
La controverse qui, autour de l’œuvre de Gustave Courbet, a vu le jeune Emile Zola s’opposer à l’ouvrage (posthume) de Pierre-Joseph Proudhon est extrêmement éclairante. Proudhon est sollicité par Courbet pour écrire le texte d’un de ses catalogues d’exposition. Courbet est alors fêté et honni pour avoir encanaillé l’art : trop « réaliste », « matérialiste en art », selon l’expression de Louis Aragon. Proudhon entreprend de définir ce que sont l’art et l’artiste véritables. Il est intrépide. Il balaie l’opposition entre réalisme et idéalisme, en affirmant qu’il est impossible de séparer le réel de l’idéal, l’objet du regard qui lui donne sens. Et précise que l’artiste « est appelé à concourir à la création du monde social »,en offrant une représentation idéaliste de la nature et de l’homme, « en vue du perfectionnement physique, intellectuel et moral de l’humanité, de sa justification par elle-même, et finalement de sa glorification. » C’est au nom du socialisme révolutionnaire qu’il peut sereinement affirmer que l’art pour l’art n’est rien. La beauté rêvée par les artistes a pour mission d’embellir l’homme, et le talent n’est jamais le propre d’un individu mais « le produit de l’intelligence universelle et d’une science générale accumulée par une multitude de maîtres, et moyennant le secours d’une multitude d’industries inférieures». Et l’artiste, s’il a des qualités différentes, n’est en rien supérieur à l’ouvrier. Evidemment, c’est saisissant.
La réplique de Zola est arrogante, percutante, et sans doute davantage en résonance avec notre air du temps : « Notre idéal à nous, ce sont nos amours et nos émotions», ce sont l’originalité, la libre expression d’une personnalité qui importent, et non leur utilité. Théophile Gautier déjà avait rappelé, dans la préface à Mademoiselle de Maupin, qu’« il n’y a rien de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien — l’endroit le plus utile dans une maison, ce sont les latrines »...
Resterait à définir en quoi l’originalité serait une vertu artistique. Zola l’esquisse, en soulignant que la peinture ne se réduit pas à son sujet. Mais c’est ici d’abord l’individualisme qu’il salue, en cette fin du XIXe siècle qui voit s’épanouir le capitalisme, les valeurs bourgeoises et la crainte des masses. Pourtant, lorsqu’il déclare qu’en tant qu’artiste il va « vivre tout haut », qu’affirme-t-il ? Le droit flamboyant à la singularité, qui légitimerait l’art, contre l’égalitarisme, ou bien la secrète utilité de la cristallisation d’une vie rendant sensibles les tristesses et les grandeurs possibles ? Est-ce là un antagonisme absolu, ou l’œuvre même ne peut-elle de fait dépasser cette contradiction, quelles que soient les affirmations de son auteur ? Car, comme le disait Charles Baudelaire, toute esthétique est toujours une morale et une politique — vision du monde et hiérarchie des valeurs...
Evelyne Pieillet - Journaliste au Monde diplomatique 





jeudi 12 février 2015

Nous n'avons pas aimé la vie ?

 "Je regarde les photographies que j'ai réalisées jusqu'à maintenant et elles me laissent penser que ce que nous sommes, ce que nous ressentons et ce que nous allons devenir n'est pas important. Nos aspirations et nos succès ont été petits (cheap) et mesquins (petty). (...) Ils ne partent que d'illusions et de fantasmes. Je ne peux que conclure que nous nous sommes perdus (...) Nous n'avons pas aimé la vie."
 
"L'extraordinaire nous attire un instant, la simplicité nous retient plus longtemps, parce que c'est en elle seule que réside l'essentiel."
 
Garry Winogrand, photographe, exposition du Jeu de paume
 




 
 
 




vendredi 6 février 2015

Le non-agir taoïste

Le "non-agir" ne signifie pas l'inaction, la passivité, l'indolence ou la démission. Le non-agir taoïste définit toute action qui s'exerce en "faisant avec", sans jamais "aller contre", et qui consiste à composer avec les forces adverses comme avec les faiblesses, sans s'y opposer en vain, sans tenter de les éliminer. (...) En voile, aucun bon skipper ne lutte contre les vagues contraires, il compose plutôt avec elle en les utilisant avec grande vigilance. (...) Le surfer fait la même chose sur sa planche : il n'affronte pas le vent ni les vagues adverses, il tire profit de ses courants porteurs et il se délecte.(...) Le non-agir repose sur l'art de se relier, de fédérer, de s'accorder, de concilier et réconcilier : il est l'art de dépasser la dualité pour avancer dans la sobriété, d'économiser le temps et l'énergie au lieu de résister inutilement. (...) Notre culture judéo-chrétienne nous a fait croire qu'une action qui a demandé beaucoup d'efforts, de sacrifices et de luttes, méritait plus de considération et de récompenses que celle accomplie avec aisance et dans la joie. (...) Il est par exemple plus fécond de composer avec le point de vue de l'autre plutôt que de s'y opposer ou de le juger pour le combattre. (...) Le physicien Niels Bohr, un des inventeurs de la physique quantique, avait choisi comme symbole de ses armoiries, celui du yin et du yang, surmonté par la devise "Les contraires sont complémentaires". (...)
L'enjeu majeur c'est de jouer avec l'unité dynamique des contraires. (...) Il n'y a pas d'opposition, ni de séparation entre les opposés, pas plus entre le yin et le yang, qu'entre l'intérieur et l'extérieur, le haut et le bas, soi et l'autre, entre le corps et l'esprit, le bon et le mauvais, l'ombre et la lumière...les deux opposés incluent une même entité et en font partie. (...)
De la même manière, nos faiblesses sont inséparables des forces qu'elles abritent, comme nos défauts de leurs qualités.

D'après Françoise Kourilsky reconnue pour son approche de la conduite du changement

 
 

lundi 2 février 2015

Un père à sa fille

"Je suis parti avant que tu ne puisses te souvenir de moi. Je n'ai emporté que les vêtements que j'avais sur le dos. J'aurais aimé t'embrasser avant que tu ne t'endormes. J'aurais aimé te conduire à ton premier jour d'école. J'aurais aimé pouvoir être là pour t'apprendre à jouer du piano. J'aurais aimé pouvoir te dire de ne pas courir après certains garçons. J'aurais aimé te faire un câlin quand tu avais le cœur brisé. J'aurais aimé pouvoir être ton père. Rien de ce que j'ai pu faire ne remplacera ça.
Il n'est jamais trop tard pour être ce que tu as envie d'être. Il n'y a pas de limite de temps, commence quand tu veux. Tu peux changer ou rester la même, il n'y a pas de règle pour ça. On peut en tirer le meilleur ou le pire. J'espère que tu en tireras le meilleur. J'espère que tu verras des choses qui te surprendront. J'espère que tu ressentiras des choses que tu n'avais jamais ressenties. J'espère que tu rencontreras des gens qui ont un point de vue différent. J'espère que tu vivras une vie dont tu seras fière.  Et si tu découvres que ça n'est pas le cas, j'espère que tu auras la force de tout recommencer."
Extrait du film "L'étrange histoire de Benjamin Button, 2:16:32